Quel cours ennuyeux ! [ PV : Leah Black. ]

Appuyée sur le bureau en bois et accoudée au dossier de sa chaise, Mia rêvait, tête en l'air. Elle songeait à l'endroit où elle était née, et se dit que ce devait être le paradis, avant. Elle se revoyait encore de les bras de sa mère, même si bien évidemment, elle n'avait pas le droit d'espérer. Juste d'imaginer. Car de toute façon, la jeune fille ne retrouverait jamais ses parents si elle était enfermée dans cet orphelinat. À croire que nous sommes des animaux en cage, songea-t-elle avec humeur.

Une voix la fit sortir de ses pensées ; Devant la multitude d'élèves assis à leurs bureaux, Mme Black, professeur de philosophie, faisait son cours en fixant la classe de ses yeux ambrés. Mia ne perçut dans son regard aucun sentiment. Juste le vide, le néant. Quelle sombre femme ! se dit-elle. La jolie brune aurait peut-être pu aimer la philosophie, une matière qui demande réfléxion et vision du monde, si son professeur n'avait pas était si froide à ses yeux. De toute façon, que pouvait-elle bien lui apprendre, puisque Mia voyait le monde d'un autre oeil ? Lorsque la sonnerie crissante retentit dans les couloirs, tout les élèves se levèrent, ramassant leurs cahiers au passage. La classe fut bientôt déserte, pourtant, Mia prenait son temps pour ranger ses affaires. Lorsqu'elle se releva, la jeune fille posa délicatement son pied droit sur sa chaise, et entreprit de faire ses lacets lentement. Elle était visiblement décidée à faire perdre son temps à son professeur.

Pourtant, voyant que Mme Black n'en était pas plus agacée, Mia poussa un profond soupir. Son professeur était assis à son large bureau de bois, corrigeant des copies. Personne ne remarquait donc la jeune brune ? Mia se sentait au milieu du monde, presque transparente. Peut-être aurait-ce était différent, si elle était restée au près de ses parents. Pourtant, l'orpheline n'avait pas le choix. Elle devait avancer droit devant elle, malgré cet internant dans lequel elle avait été placée très jeune. Les professeurs, les élèves et les lieux, tout lui déplaisait. Et Mme Black était la première chose sur sa liste qui la privait de sa liberté.

« Je vous rendrais ma discerte demain, expliqua Mia avant froideur. J'ai oublié de vous l'apporter, mais elle sera sur votre bureau, demain sans faute. »

L'orpheline fit volte-face et se dirigea à pas feutrés vers la sortie, espérant que son professeur ne protesterait pas. De toute façon, qui avait-il de mal, à rendre un devoir en retard ? Après tout, le temps, ce n'est pas ce qu'il manque, dans cet orphelinat moisis.

Je donnais mon cours, comme chaque jours où il devait être donné. J'arborais un regard froid et sans apparentes émotions. Je pourrais sans doute être plus chaleureuse, mais l'envie n'y était définitivement pas. Je ne savais pas me comporter avec les plus jeunes. Certains ne seraient pas d'accord de voir dans mon regard, de la compassion ou de la compréhension. Certains détestent voir ce genre de sentiment chez les autres. Alors je préférais me montrer froide sans pour autant être méchante. Je ne savais définitivement pas m'y prendre avec les enfants. J'aime la philosophie. Mais ça, vous deviez vous en douter n'est ce pas ? Et malgré mon apparente dureté, le sujet de la philosophie, je pourrait débattre dessus pendant longtemps, car c'est quelque chose que j'aime.
Avec le temps, j'ai finit par m'y faire, à cet orphelinat. Au début je me braquais au moindre ordre que l'on me donnait, je détestais les ordres et malgré le fait que je sois plus mature, je les détestes toujours autant et peux me montrer très buté sur certaines choses. Une seule chose m'avait permit de m'ouvrir un peu aux autres. C'était ma passion pour le chant. C'est un de mes seules loisir, une amie essaye bien de me passionner pour le dessin, mais rester assise plusieurs heures, très peu pour moi.
Je levais la tête vers le reste de la classe qui m'observais alors que je leur expliquais que pour un philosophe, se baser sur la réalité et sur la logique était impossible, car on ne pouvait alors plus avoir une autre vision du monde, une vision qui nous ai propre. Cela me fit sourire intérieurement. Après tout, j'avais bien trouvé ma voie, moi qui haïssait la société dans laquelle je vivait. La sonnerie retentit et je retint un éclat de rire en voyant l'air soulagé que certains arboraient, mais je ne pu empêcher mes yeux de pétiller légèrement. Sauver par le gong hein ? Mon regard scanna la salle de classe et tomba sur une de mes élèves. Je fronçais légèrement les sourcils puis recouvrait une expression de marbre. Tout en m'asseyant à mon bureau pour commencer à corriger quelques copies, je jetais un coup d'oeil à ma liste. Mia Evans. Mon regard se fit perçant et je relevais la tête en entendant des bruits de pas se diriger dans ma direction. La jeune fille qui été la dernière à devoir sortir s'arrêta devant mon bureau et prononça ces quelques paroles d'une voix froide.

« Je vous rendrais ma disserte demain. J'ai oublié de vous l'apporter, mais elle sera sur votre bureau, demain sans faute. »

Je la regardais tourner les talons sans plus se préoccuper de moi ou d'une quelconque réponse et à mon tour me levais calmement, retirant mes lunettes de lecture tout en prononçant d'une voix calme mais autoritaire.

« Attendez un instant Mademoiselle Evans. L'avez vous oublié, ou ne l'avez vous tout simplement pas faite ? Ce sont deux choses très différente vous savez. »

J'attendais qu'elle se tourne vers moi et lui fit signe d'une main de s'approcher pendant que j'allais refermer la porte pour ne pas que tout le monde écoute notre conversation. Je me retournais donc vers elle, mon regard doré plus perçant que jamais et pourtant, je n'avais plus cette froideur que j'arborais pendant les cours. Non, pour le moment, une étincelle neutre ainsi qu'une représentant un certains intérêt pour la jeune fille remplaçais l'habituelle froideur. La philosophie était partout, et tout dépendais donc de sa réponse.

« Attendez un instant Mademoiselle Evans. L'avez vous oublié, ou ne l'avez vous tout simplement pas faite ? Ce sont deux choses très différente vous savez. »


Mia ravala une réplique cinglante. Comment un professeur pouvait-il doutait de son élève ? En général, même si la jeune fille n'était pas très attentive en classe, elle n'en était pas plus insupportable ni mauvaise élève. Mais Mia n'en dit pas plus, refusant de prononcer la phrase qui lui brûlait les lèvres. Elle fit donc face à Mme Black sans protester. Voyant que celle-ci se diriger vers la sortie pour fermer la porte, Mia ne put s'empêcher de pousser un soupir. Décidemment, elle ne pourrait jamais se poser tranquillement sur son lit pour se réfugier dans un bouquin. Pourquoi avait-elle l'impression que tout le monde lui en voulait ? Peut-être que j'allucines, songea l'orpheline. Puis elle regarda Mme Black dans les yeux et soutena son regard braqué sur elle. Un instant, Mia crut qu'elle voyait le mal partout, et découvrit une compassion terrible qui brûlait au fond d'elle. Mais ce sentiment étrange disparut lorsque les yeux ambrés du professeur lancèrent des éclairs.



« Pourquoi doutez-vous ? demanda soudainement l'orpheline. Je n'aime pas la philosophie, mais j'ai toujours rendu mes devoirs lorsqu'il le fallait. »


Que l'on puisse douter d'elle la plongea dans une terrible mélancolie. Elle se sentait de plus en plus inexistante, et même les professeurs qui semblaient l'avoir connu le mieux doutaient maintenant d'elle. Voyant que Mme Black ne répondait pas, Mia soutint son regard brûlant, où elle ne lit que de la réfléxion. Pour une fois, ses prunelles ambrés n'étaient pas froides comme la glace.
Puis l'orpheline fut prit d'un doute soudain. Avait-elle fait ce devoir, en réalité ? En voilà, une question existentielle à laquelle elle n'avait pas réponse. Mia douta d'elle un instant, avant de se rappeler que sa discerte reposait finalement dans un coin de son bureau. Comment l'orpheline pouvait douter d'elle-même ? Etait-ce la pression de cet internat, qui la rendait de plus en plus folle ? Tout ses doutes firent surface pendant une fraction de seconde. Mais Mia tourna la tête vers son professeur, dans l'espoir que celui-ci réponde à sa réplique, peut-être un peu trop insolente. Pour l'instant, le temps lui manquait, et elle voulait en finir avec cette histoire de discerte. Car après tout, n'était-ce pas qu'un devoir parmi tant d'autres ?